L'épopée du pont

Fabrice vient de partir du CP10 à 4h58, le plus gros de la nuit est passé. Cette fois nous ne le doublerons pas avec la voiture car nos chemins divergent dès le départ. Nous quittons donc Naupaktos pour nous rendre à Rio. Là-bas, à 10km c'est la première barrière, elle fermera à 10h00 pour les coureurs, sauf imprévu c'est largement dans les cordes de Fabrice.

Pour les coureurs, il faut faire environ 7km côtier puis prendre le chemin piétons du pont suspendu Charílaos Trikoúpis. Ce pont de près de 3km mène au CP11 à Rio, 111ème km. Un plat chaud et consistant y est prévu, c'est aussi un CP avec support médical et possibilité de s'allonger.

Pour les assistants il faut suivre les instructions fournies par l'organisation. Nous sommes à deux voitures, celle de Philippe assistant du coureur Gérard, et la notre. Nous sommes ensemble depuis le départ, nos deux coureurs ayant une gestion similaire de leur course, même si maintenant Fabrice ne s'accroche plus à Gérard.

Avec Dom nous sommes devant et arrivons au seul péage ouvert du pont à cette heure très matinale. Comme dit au briefing avant hier, nous présentons fièrement nos badges d'accompagnateurs pour que l'Erinye (j'ai cherché c'est une gardienne mythologique) des lieux nous ouvre la barrière, mais c'est "DEN" (niet, en grec); Pour passer il faut payer. J'explique gentillement; Mon anglais et son anglais semblent sombrer dans un puit d'incompréhension; Elle appelle les autorités; Les camions et voitures s'entassent derrière nous; L'autre accès routier au Péloponèse est à 100km à l'est, le temps passe et une certaine impatiente se manifeste derrière nous. Un gars aussi jaune fluo que sa camionette finit par arriver, il met ses gyrophares en marche, fait reculer la file pour que les réfractaires libèrent le passage, et nous invite à le suivre pour un demi-tour apès avoir ouvert le terre-plein central. C'est bon on est enfin compris, on est pas dans le bon sens, mais on nous escorte ... Mais non, 300m plus loin il disparaît sur une bretelle nous intimant du bras de ne plus le suivre, nous plantant là.

L'Erinye avait jargonné que nous devions rejoindre un parking de service. Il y a des bretelles dans tous les sens, si on s'engage mal nous craignons de partir pour plusieurs km, il n'y a aucun panneau "parking de service", il fait encore nuit, les ronds-points n'indiquent que les directions importantes; Et le parking de service du pont n'est pas une direction importante. Au hasard de nos manoeuvres douteuses - heureusement cette fois la police est en weekend - nous avisons une camionette fluo. Il faut absolument la rejoindre pour nous renseigner. Des méandres, bretelles, ronds-points s'y opposent, mais à la manière de Fabrice ne lâchant rien, nous y parvenons avant qu'elle ne s'échappe.

La barrière salvatrice du parking de service (photo google)

Soulagement ! Cette camionette nous attendait pour nous escorter jusqu'à la sortie du pont. Seulement 35 mn de perdu, pour ces moments qui nous ont semblé interminables. Nous seront à temps au CP11 pour accueillir nos coureurs.

Les instructions de l'organisation; Cherchez le passage du pont !